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Le débat du “Made in Italy”

Temps de lecture estimé : 11 minutes

 

Le label “Made in Italy” a indéniablement du cachet. C’est un gage de qualité artisanale. Depuis 1980, le terme est utilisé pour désigner les industries traditionnelles, ancrées dans le patrimoine italien. En Italie, elles sont connues comme “les Quatre A” : Abbigliamento, Agroalimentare, Arredamento et Automobili, référant respectivement à la mode, l’alimentaire, l’ameublement et l’automobile. “Made in Italy” est vraisemblablement l’une des marques les plus reconnaissables qui existe, bien qu’elle n’appartienne pas à une seule entreprise. Pourtant, ce terme est teinté de problèmes profonds. Bien que bénéficiant d’une grande influence sur les consommateurs, les produits peuvent provenir d’origines diverses et dissimuler de mauvaises conditions de travail.

Chez Maxwell-Scott, nous pensons qu’il est important de soutenir l’industrie traditionnelle du cuir italien, car elle valorise l’artisanat, les techniques ancestrales et une production responsable. Il est donc temps de réévaluer le “Made in Italy” dans le secteur de la mode.

le débat du Made in Italy

Les problèmes du “Made in Italy”

Le flou des origines

L’un des principaux problèmes lié à l’utilisation du label “Made in Italy” est la laxité de sa définition juridique, impliquant l’absence de standards à respecter. D’après les règles d’origine de l’Union Européenne, le pays d’origine pour l’étiquetage est le pays où s’effectue la dernière étape du processus de production. Aussi parfois, un produit qui affiche avoir été fait en Italie vient d’ailleurs. Différents composants d’un sac peuvent provenir des quatre coins du monde, avec la poignée d’un pays, les bordures d’un autre. C’est le simple fait que les étapes finales d’assemblage aient lieu en Italie qui légitimise la revendication. Souvent, le manque de transparence sur la chaîne d’assemblage fait qu’il est difficile, en particulier pour le consommateur, d’établir si l’intégralité du produit a été conçue en Italie.

En 2014, Patricia Jurewicz, directrice de Responsible Sourcing Network, une organisation militant en faveur d’une plus grande transparence, déclarait que :

“Il est extrêmement difficile de  comprendre ce que font les entreprises et comment leurs produits sont fabriqués”.

De telles pratiques peuvent s’avérer trompeuses pour les consommateurs et discréditent la valeur du “Made in Italy”. En conséquence, des recherches plus approfondies sont nécessaires.

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Derrière le label, des conditions

En automne dernier, le New York Times a publié un article dénonciateur intitulé “Inside Italy’s Shadow Economy”. Il mettait en lumière le problème du manque de clarté des chaînes d’approvisionnement, cette fois au regard du paiement des travailleurs.

L’article se concentrait en particulier sur deux femmes de l’économie souterraine du marché du luxe. L’une d’entre elles reçoit 1€ de l’usine qui l’emploie pour chaque mètre de tissu confectionné, destiné à la couture de manteaux de créateurs. Coudre un mètre lui nécessite jusqu’à une heure, soit quatre à cinq heures de travail pour réaliser un manteau entier. Dans l’article, elle expliquait essayer de coudre deux manteaux par jour, pour un montant maximum perçu de 24€ pour un manteau entier.
Pour contexte, l’Italie n’a pas de salaire minimum national. Le taux horaire brut de 5-7€ est simplement considéré comme une norme raisonnable par de nombreux syndicats et bureaux d’études. C’est pourquoi sans contrat ou assurance, les travailleurs comme cette femme de la ville de Santeramo in Colle, dans le sud de l’Italie, sont payés bien en-dessous de ce salaire ‘raisonnable’.

Ce n’est pas un cas isolé. L’auteure de Fabbriche Invisibili Tania Toffanin, estime qu’il y a actuellement 2000 à 4000 travailleurs à domicile irrégulier dans la production de vêtements. Certains soutiennent que cette pratique est liée à une pression accrue de la mondialisation et de la compétition grandissante à tous les niveaux du marché. Il s’agit d’un problème distinct, qui porte préjudice à l’artisanat et qui agit en totale contradiction avec le label “Made in Italy”. Un label qui devrait plutôt renforcer l’héritage de design et de fabrication de l’Italie.

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Une production de masse

Depuis les années 90, une autre problématique concerne l’importance de la production de masse chinoise basée en Italie. La ville de Prato, située à 24 km au nord-ouest de Florence, a une longue histoire liée au textile qui remonte au XIIe siècle. Dans les années 90 cependant, elle est devenue l’épicentre de la production de masse et de l’immigration chinoise. Des travailleurs venant initialement de Wenzhou, une ville portuaire au sud de Shanghai, devenus connus sous le nom de “Wenzhou workers” selon le New Yorker. Ils importaient des tissus chinois bon marché et produisaient des articles de ‘pronto moda’ ou ‘fast-fashion’. Même vendus aux niveaux inférieurs du marché, ces vêtements restaient “made in Italy”.

En 2008, Marco Landi, président de la branche toscane de l’organisme commercial CNA, déclarait qu’il y avait 4000 usines chinoises de textiles à Prato. De telles usines de vêtements, gérées par des Chinois, étaient ainsi capables “d’exploiter la désirabilité de la marque “Made in Italy” de nouvelles manières”.

On pourrait imaginer qu’être basé en Toscane a permis la diffusion positive des connaissances et méthodes artisanales ancrées dans la culture italienne. Néanmoins, en 2007, une chaîne publique italienne diffusait Slaves Of Luxury. Un documentaire qui dénonçait comment les produits de luxe “made in Italy” étaient réellement fabriqués. Il a mis en lumière la main d’oeuvre bon marché et les mauvaises conditions de travail. Une série d’enquêtes complémentaires a dévoilé que les produits de luxe étaient également fabriqués dans les usines italiennes où la main d’oeuvre immigrée chinoise souffrait de conditions de travail déplorables.

Par conséquent, tant dans le haut-de-gamme que le bas-de-gamme du marché, le label “Made in Italy” n’était pas ce qu’il semblait être pour les consommateurs. Cette étiquette, qui évoque un véritable art italien, était utilisée pour donner une fausse image à des produits et à leur fabrication. On ne peut qu’espérer qu’au cours de la dernière décennie, des améliorations ont été faites. Mais entre les révélations du New York Times et la mondialisation croissante, ce n’est pas certain…

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Une autre réalité

Le débat du “Made in Italy” est donc complexe. Le label est un moyen simple d’attester de la qualité, de l’artisanat et du design sur le marché. Et pourtant, sa véritable signification est difficile à établir. Cela est souvent dû aux chaînes d’approvisionnement obscures, qui ne supportent pas l’héritage italien ou les travailleurs des industries. Il existe cependant une diversité entre différentes réalités présentes en Italie.

Chez Maxwell-Scott, nous sommes fiers de dire que nous incarnons le design britannique intemporel tout en soutenant la production italienne traditionnelle. Notre usine familiale au coeur de la Toscane est gérée par Roberto. Son père a fondé l’usine et est toujours une source d’inspiration pour l’équipe – sa famille – à atteindre l’excellence. Après tout, Domenico a lui-même 75 ans d’expérience dans l’industrie du cuir italien. Notre objectif est d’agir comme un antidote à l’industrie de la fast-fashion et un modèle d’art italien de qualité. Cela garantit une responsabilité à chaque étape de la production, du cuir avec lequel nous travaillons à l’utilisation d’énergie solaire dans notre usine. Le tout fondé sur notre croyance profonde en une confection durable, avec laquelle vous n’aurez besoin d’acheter qu’une fois.

Photo de la famille de notre usine italienne

Pourquoi nous soutenons l’industrie du cuir italien

Professeur associé à l’IESE Business School de l’université de Navarra,  Antonino Vaccaro explique à sa classe d’étudiants que la veste de son grand-père – vieille de 25 ans et fabriquée en Italie – est le meilleur exemple de responsabilité environnementale qu’il puisse donner.

C’est une philosophie dont nous sommes profondément convaincus chez Maxwell-Scott. Nos produits sont fabriqués à la main en Italie, et donc imprégnés du savoir-faire de nos artisans toscans pour encourager un consumérisme lent. Tout simplement, nos artisans sont au coeur de notre activité. L’industrie italienne du cuir datant de la période médiévale, la richesse des connaissances de la région est inestimable. Un savoir-faire synonyme d’habileté, de compréhension et d’artisanat.
Ceci contribue au fait que nos produits sont conçus pour durer toute une vie. Ainsi, un porte-documents Maxwell-Scott vous accompagnera toute une carrière, avec notre garantie de 25 ans comme honnête reflet de l’artisanat de nos maroquiniers. Nous soutenons le patrimoine artisanal de l’Italie en employant des artisans conscients des méthodes de production traditionnelles et en assurant la qualité. C’est ce qui permet une consommation lente et responsable.

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Une production responsable

Par ailleurs, l’industrie traditionnelle du cuir italien s’engage pour le respect de l’environnement.

La durabilité est l’un des piliers de la stratégie de la Camera Nazionale della Moda Italiana (chambre nationale de la mode italienne). Cette association a commencé à prôner la durabilité comme valeur fondamentale de l’industrie de la mode italienne en 2010. Leur manifeste, publié deux ans plus tard, en esquissait les grandes lignes dans l’espoir de concevoir une mode responsable à l’italienne. Le manifeste comprend des points concernant la conception de produits de qualité destinés à durer afin de minimiser leur impact sur les écosystèmes, ainsi que des systèmes de gestion engagés à améliorer les pratiques.

Les matériaux sont fondamentaux dans les processus de production durable. Ils sont, après tout, les bases avec lesquelles on fabrique des produits finis. Le cuir de Maxwell-Scott est consciemment issu de restes de l’industrie de la viande, contrairement aux autres options de cuir comme le similicuir, créé à partir de plastique et donc nocif pour l’environnement.

Tout ceci suggère un engagement inhérent à la culture italienne d’utiliser des matériaux de qualité minimisant l’impact sur l’environnement. Ce sont de tels aspects qui sont reconnus sous le label “Made in Italy”.

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Le tannage végétal

Un autre exemple pour comprendre la valeur de l’artisanat “made in Italy” est le cuir au tannage végétal. Dans un article de Vogue “How To Shop Leather Responsibly, le cuir tanné végétalement était souligné comme un moyen respectueux de l’environnement de teindre le cuir :

“Utiliser des tanins végétaux (plutôt que différentes substances toxiques comme le chrome, la cyanure, les sels minéraux et le formaldéhyde) pour teindre le cuir animal ne représente qu’une étape d’un procédé très polluant, mais c’est un pas dans la bonne direction vers une fabrication plus éco-consciente”.

Le tannage végétal est depuis des siècles un mode de vie pour beaucoup en Toscane. Les artisans y ont perfectionné la manière de traiter le cuir avec le plus grand soin, en combinant recettes antiques et innovations technologiques. Cet héritage du tannage en Toscane est représenté par le Consorzio Vera Pelle Italiana Conciata Al Vegetale (le Consortium du véritable cuir italien au tannage végétal), dont nous sommes fièrement membres. Le Consortium dispose d’un ensemble de règles auxquelles les membres des quelques 20 tanneries doivent se conformer.

La plus importante est le rejet d’utilisation de produits chimiques. Le cuir estampillé ‘tannage végétal’ ne doit contenir aucune substance toxique nocive pour l’Homme, tels que les colorants azoïques, le nickel, le Pentachloropheno (PCP) ou le chrome VI. A la place, le cuir est traité avec des tanins naturels extraits d’écorces d’arbres. Ceci est important car non seulement aucun produit nocif n’est utilisé, mais en résulte également un cuir de grande longévité.
Grâce au procédé respectant la nature du cuir, chacun de nos produits va s’embellir avec l’âge en développant une patine unique. De plus, un cuir au tannage végétal peut être facilement éliminé à la fin de sa longue vie grâce à ses caractéristiques chimiques-biologiques. Par ailleurs, de nombreuses substances utilisées lors du processus de tannage sont “récupérées, recyclées et réutilisées” afin d’exploiter tout le potentiel de chaque composant.

L’industrie du cuir de Toscane est l’exemple même de la manière dont les industrie du patrimoine italien sont à la pointe en termes de responsabilité durable, en ayant recours à la même méthode naturelle depuis des centaines d’années. Ce sont de telles valeurs qui devraient être honorées par le label “Made in Italy”.

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En conclusion, le débat du “Made in Italy” reste complexe. Bien que la valeur du label réside dans le fait qu’il reflète l’histoire de conception et de fabrication de l’Italie – un pays réputé pour concevoir des produits de la plus haute qualité – il peut également être utilisé de manière trompeuse. Les produits peuvent par exemple provenir d’ailleurs, ceux qui les fabriquent pas toujours bien formés ou suffisamment payés.

Néanmoins, la signification au coeur du label ne doit pas être ignorée. Chez Maxwell-Scott, nous croyons toujours qu’il faut soutenir l’industrie traditionnelle du cuir italien, car elle défend les valeurs de l’artisanat, de ses méthodes et d’une production éco-friendly. A juste titre, le “Made in Italy” jouit d’un certain cachet. Pour le consommateur, des chaînes d’approvisionnement plus transparentes permettraient que cela continue d’être le cas.

 

 

Pour en savoir plus, consultez nos articles précédents :

– Cuir italien: pourquoi est-il le plus prestigieux au monde ?

– Consommation responsable: cuir pleine fleur ou cuir vegan ?

– Qu’est-ce que la patine du cuir ?

– Qu’est-ce que le cuir pleine fleur ?